je suis… Georges Clemenceau
10 €
On m’avait surnommé le Père la victoire, puis le Tigre. Certains m’auront probablement attribué bien d’autres épithètes moins flatteuses. C'est que, avec mon talent pour mordre et griffer, je ne me serai pas fait que des amis au cours de ma longue existence constellée d’événements et d’actions, dont je voudrais vous parler. C’est comme si j’avais vécu plusieurs vies, car j’aimais vivre, et surtout agir. Rien ne me résistait, et quand la chance ne me souriait pas, je m’obstinais et je l’obligeais à me faire meilleure figure !Voilà donc, dans ce petit livre, ma vie telle qu’elle fut et que j’ai envie de vous raconter en essayant de ne rien oublier : mes actions en faveur du peuple, que j’aimais, mes amis, auxquels je tenais tant, mes idéaux, qu’il m’a fallu trahir parfois, raison d’État oblige ! mon dévouement à la France, ma joie, le jour du 11 novembre 1918, de voir enfin cesser le carnage.Quant à mes actions moins glorieuses, je n’oublierai pas non plus de vous en faire part, pour que vous sachiez vraiment qui je fus : un homme avant tout, homme d’État, certes, mais aussi un grand amoureux, un écrivain et, surtout, un Français dévoué à sa patrie.le mot de l'éditeurGeorges Clemenceau justifierait à lui seul l'existence de la collection je suis... Une personnalité hors du commun, des affrontements, des polémiques, des duels, un sens de la répartie féroce, des aventures, un destin politique exceptionnel, un engagement de tous les instants et total quand il lut aux commandes de la France au pire moment. Offrir le nom de telle personnalités aux établissements scolaires reste une des meilleures façons pour la République de leur rendre hommage, et cette collection y participe en rendant compte de leur vie afin que tous puissent les mieux connaître.
Les bonnes pages
Mon père Benjamin, médecin, républicain ardent, progressiste, farouchement athée et anticlérical, est intelligent, insolent, misanthrope parfois, et colérique. C’est un romantique, admirateur de Victor Hugo, un patriarche, qui a ses paysans, les soigne les invite le dimanche à cuire le pain dans son four et les nourrit. Connu pour ses idées révolutionnaires, sa haine de la religion catholique et de la royauté, il est surnommé « le sans-culotte ».Étudiant en médecine, il a participé aux manifestations des « Trois Glorieuses » en juillet 1830 sur les barricades au Louvre et aux Tuileries, face aux troupes royales. Il a créé la société révolutionnaire « La Marianne » à Nantes en 1848. Au lendemain du coup d’État du 2 décembre 1851, connu pour son hostilité à Napoléon III et ses opinions républicaines, mon père a été emprisonné.Il m’ouvre l’esprit à la réflexion et au savoir, m’inculque la liberté, la fidélité à mes choix, l’attachement indéfectible à la Révolution comme à la République. Pater familias, il m’emmène à la chasse, nous parcourons la Vendée à cheval. Je dévore quantité de livres de sa bibliothèque où je côtoie les héros de la Révolution de 1789, qui lui sont chers.